E-santé, m-santé, quantified self, télémédecine ⇒ les définitions
Vous en entendez parler à longueur de news: la santé se numérise, grâce à des capteurs fiables, peu onéreux et rapides à mettre en œuvre, et aux Technologies de l’Informations et de la Communication (TIC) largement maîtrisées et répandues.
Ce billet fait une présentation chronologique des différentes constituantes de la santé numérique : de la télémédecine au quantified self, du gadget au dispositif médical, avec pour chaque point :
- Les débuts historiques de chaque discipline
- Une définition “officielle” expliquée
- Des exemples d’applications
En complément : un article sur la réglementation en e-santé.
[get-tech-sante]
Santé et Médecine, les différences
Santé
e-santé et m-santé sont des expressions construites autour de la notion de santé, définie en 1946 par l’OMS :
“La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité.”
À noter que la e-santé et la m-santé s’intéressent principalement à l’état physique, beaucoup moins à l’état mental tandis que l’état de bien être social reste marginal.
Médecine
La télémédecine est une branche de la médecine, le CNRTL propose une définition de la médecine faisant écho à la santé :
“Science qui a pour objet l’étude, le traitement, la prévention des maladies; art de mettre, de maintenir ou de rétablir un être vivant dans les meilleures conditions de santé.”
La Télémédecine
Selon ce document, les premiers actes de télémédecine datent des années 1920, avec l’utilisation de la radio pour fournir une assistance médicale à des personnes en mer.
Définition
De nos jours la télémédecine est définie dans l’article L6316 du Code de la Santé Publique (CSP) datant de 2009 :
“Forme de pratique médicale à distance utilisant les TIC. Elle met en rapport, entre eux ou avec un patient, un ou plusieurs professionnels de santé, parmi lesquels figure nécessairement un professionnel médical et, le cas échéant, d’autres professionnels apportant leurs soins au patient.”
Le décret du 19 octobre 2010 développe les composantes de la télémédecine :
- téléconsultation
- télé expertise
- télésurveillance médicale
- téléassistance médicale
- réponse médicale apportée dans le cadre de la régulation médicale.
On retiendra les 3 points forts caractérisant la télémédecine :
- Se pratique à distance
- A recours aux TIC
- Intègre un professionnel médical (médecin, aide-soignant, infirmier,…)
Exemples d’actes de télémédecine
Les 5 priorités nationales, définies dans le plan de déploiement de la télémédecine (voir le rapport de la HAS de 2013 sur l’efficience de la télémédecine), sont de bons exemples de télémédecine :
- Permanence des soins en imagerie : concerne la radiologie, de plus en plus spécialisée et facilement praticable à distance (pour la partie interprétation).
- Prise en charge de l’AVC : pour lutter contre la mortalité, directement proportionnelle au délais de prise en charge.
- Santé en milieu carcéral : pour de raison liées à la sécurité du personnel soignant.
- Prise en charge d’une maladie chronique : c’est l’eldorado de la santé connectée, des pathologies connues dont on suit régulièrement l’évolution et les conditions de thérapie.
- Soins dans les structures médico-sociales ou en HAD (Hospitalisation Au Domicile) : pour apporter la médecine là où elle n’est pas présente en permanence.
À noter que quelque actes sont déjà cotés, comme la télésurveillance des défibrillateurs implantables ou la télésurveillance à domicile d’un patient traité par dialyse péritonéale.
La e-santé (e-heath, cybersanté)
La esanté a commencé son développement dans les années 1960, avec l’explosion de l’électronique (le “e” de “e-santé”) puis de l’informatique.
Définition
La définition de l’OMS met en avant le recours aux TIC, ce rapport de 2005 traduit eHealth par cyberSanté et en donne la définition suivante :
“Consiste à utiliser (…) les TIC à l’appui de l’action de santé et dans des domaines connexes, dont les services de soins de santé, la surveillance sanitaire, la littérature sanitaire et l’éducation, le savoir et la recherche en matière de santé.”
Un mot sur les TIC, définis par l’OCDE :
“Combinaison de produits et de services qui capturent, enregistrent et affichent des données et des informations, par voie électronique.”
Exemples de pratique entrant dans le champ de la e-santé
Le rapport de l’ITU (Union Internationale des Telecoms) sur l’implémentation de la esanté dans les pays en développement fournit de bons exemples :
- télémédecine
- surveillance électronique des patients
- dossier médical électronique (notamment le DMP – Dossier Médical Personnel – qui commence à percer en France).
- systèmes informatiques hospitaliers
- remboursement électronique des soins
- e-learning
Le champ est très vaste, il inclut la télémédecine, passe par les infrastructures et va jusqu’à l’apprentissage.
Quantified Self
On en parle beaucoup de nos jours mais cette pratique date des années 1970 (voir cette publication), en fait dès que la technologie a permis l’auto-mesure et la communication des résultats via des moyens électroniques.
Définition
La CNIL, en 2014, donne une définition du quantified self :
“Renvoie à un ensemble de pratiques variées qui ont toutes pour point commun, de mesurer et de comparer avec d’autres personnes des variables relatives à son mode de vie.”
Ces variables ont un large champ : activité physique, qualité du sommeil, poids, habitudes alimentaires,… C’est la communication des données qui distingue le quantified self de la simple automesure.
Exemples de pratiques quantified-self
Une série d’exemples avec des objets contemporains, ils ont en commun d’effectuer des mesures et de permettre la mise en réseau des résultats :
- bracelet mesurant l’activité physique
- chaussure évaluant la déambulation
- pèse-personne connecté
- T-shirt connecté, avec cardiofréquencemètre, capteur de température …
- appli pour smartphone de mesure de la qualité du sommeil
Cette branche est très borderline, avec des gadgets parfois utilisés à des fins médicales sans pour autant être des dispositifs médicaux.
La m-santé (m-health)
Avec le “m” de “mobile” nous avançons encore de plusieurs décennies : il s’agit des TIC en mobilité : smartphone, tablette mais aussi tous les dispositifs intégrant une connexion à un réseau mobile. Il faut également y inclure les dispositifs sans connexion mobile mais pouvant exploiter la connexion d’un autre (exemple : tensiomètre relié à internet via un smartphone).
Ces technologies ont émergé dans les années 2000, le professeur Robert S H Istepanian s’attribue la paternité du terme mHealth, utilisé dans une publication pour l’IEEE en 2003 (voir son commentaire sous ce post).
Définition
En 2011 l’OMS se risque à une définition dans ce document sur la mHealth :
“Pratiques médicales et de santé publique supportées par des appareils mobiles, tels que les téléphones mobiles, les dispositifs de surveillance des patients, les PDA et autres appareils sans fil.”
Exemples de m-santé
Toujours en s’appuyant sur le document de l’OMS, on peut découper la m-santé en sous catégories :
- Communication entre des individus et des services de santé (apparentée à la télémédecine)
- Accès distant à l’information (notamment au dossier médical du patient)
- Monitoring et surveillance des patients, avec des dispositifs de mesure communicants
Les applications de m-santé sur smartphone sont en plein boum, elles vont du conseil de bien être (sport, alimentation, sommeil) au véritable dispositif médical (oxymètre, ECG, otoscope) en passant par tout ce que permettent les technos du web (dossier de santé, guide médical, réseau sociaux autour de l’imagerie médicale).
Imbrication de ces disciplines
L’idée est de cartographier toutes ces activités, avec les hypothèses suivantes :
- La m-santé est incluse dans la e-santé car elle concerne la santé de manière globale, avec un recours aux TIC en situation de mobilité.
- La télé-santé est incluse dans la e-santé, ceci est vrai si l’on considère uniquement les moyens de communication électroniques (ce qui, avec le déclin des signaux de fumée, n’est pas loin d’être le cas).
- La tendance de la télé-santé est à la m-santé car elle exploite tout le potentiel des communications mobiles.
- e-santé et m-santé ne sont pas forcément des activités de télémédecine qui nécessite un professionnel de santé au bout de la connexion.
- Le quantified self peut intervenir dans la télé/e/m-santé, mais il sort également largement de ce cadre avec une finalité très souvent ludique et/ou sportive.
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