Observatoire des risques médicaux : le DM très bon élève

Par Guillaume Promé
le
22 Juil. 2020 Société

Vous ne l’avez peut-être pas remarqué, mais l’Observatoire des Risques Médicaux, sous l’égide de l’ONIAM, a cessé d’observer 4 ans après sa création, le temps de produire un dernier rapport, synthèse des incidents survenus de 2009 à 2014 : 9’400 accidents médicaux dont le montant global des indemnités versés est ≥ 15’000€. Cette notion d’argent est légitime, la mission de l’observatoire était de “véri­fier, dans la trans­pa­rence, l’adé­qua­tion du mon­tant des primes acquit­tées par les pro­fes­sion­nels par rap­port à la sinis­tra­lité en matière médi­cale“.

Ce rapport est une des rares sources d’informations sur les risques médicaux, l’occasion de tirer des conclusions pour le secteur de la santé.

Attention :  ils manquent beaucoup de données dans le rapport (qui, par exemple, n’évoque que le nombre d’incidents, sans le ramener au nombre d’actes) et il ne concerne que les incidents non-mineurs, ce qui n’est pas gênant pour une analyse des risques. De même, l’analyse date du début des années ’10, mais la situation n’a guère évolué et cela correspond à l’époque où l’Europe a décidé de durcir les contraintes pour les dispositifs médicaux, avec le règlement (UE) 2017/745.

Une photo des risques médicaux en France

Vous pouvez consulter le rapport, de nombreux tableau croisent les données.

Ces données sont reprises dans l’interface qualitiso pour l’analyse des risques :

Risques médicaux

Les données sont regroupées en deux familles :

  • Par cause des incidents
  • Par spécialité médicale concernée

L’analyse regarde :

  • Le nombre de blessés
  • Le nombre de décès
  • Le montant des indemnités versées (ici supérieures à 15k€)

Les risques médicaux en chiffres

Quelques chiffres à retenir, sur 5 ans  :

  • 20’500 décès, ce qui semble faible, mais l’analyse ne regarde que les incidents survenus en milieu hospitalier (pas, par exemple, de prise en compte des dizaines de décès au domicile avec du matériel de transfert).
  • 17Mrds€ d’indemnités, ce qui semble élevé
  • La chirurgie est, de loin, la spécialité médicale la plus risquée :
    • 39% des décès
    • 63% des indemnités
    • 68% des blessés
  • Une erreur humaine au niveau de l’acte technique est la source d’erreur entraînant le plus de dommage (31% des décès)
  • Les problèmes d’organisation entrainent plus de 8% des décès
  • Les dispositifs médicaux sont la source entraînant le moins de dommage :
    • 0.69% des blessés
    • 0.63% des indemnités
    • 0.16% des décès

 

Soit, pour résumer : les problèmes organisationnels sont 64 fois plus dangereux que les dispositifs médicaux, les chirurgiens 243 fois plus dangereux, mais ils roulent dans de meilleures voitures.

Des problèmes de sur- et de sous- qualité ?

Ces chiffres sont à mettre en face des contraintes imposées aux différents acteurs : le monde du DM est particulièrement encadré, avec un niveau d’exigence qui devient intenable, et qui, maintenant, semble injustifiable.

Mieux vaudrait mettre de (vrais) système qualité dans les hôpitaux, avec surveillance des performances, formation, suivi des incidents, communication entre les parties… c’est un axe de réduction des risques médicaux beaucoup plus efficace que de compter les virgules dans les procédures des industriels, mais ces derniers roulent dans des voitures relativement classiques.