Covid-19 • Réponses des Medtech

Par Mathilde Béal
le
2 Sep. 2020 Article Invité, Covid 19

Mars 2020, la France retient son souffle, de nombreux signaux annonce une crise covid à venir:

  • Les hôpitaux crient leur manque de personnel,
  • Les professionnels de santé crient leur manque de matériel,
  • Les journalistes crient leur manque d’audimat historique.

Les Medtech ne seront pas restées sourdes à ces appels, dans des assemblages parfois iconoclastes.

Décodage des initiatives (surtout) françaises, selon 4 profils.

1 : Les nouveaux venus prêts à changer le monde

Commençons par les initiatives ‘hors normes‘, audacieuses, tendance irréalistes, voire irrationnelles, et… souvent “en dehors des normes du médical” .

  • Elon Musk qui confond la ventilation ResMed destinée à traiter l’apnée du sommeil avec les ventilateurs non-invasifs support de vie.

Elon Musk et respirateurs sur twitter

  • Les Makairs, qui souhaitent apporter l’esprit open-source-discruptif au monde du dispositif médical.

J’apprécie en général beaucoup de travailler avec les médecins-entrepreneurs qui sont bien souvent des modèles de bon sens. Dans cet article (repris à tort comme un ‘manifeste’ par le mouvement Maker) rédigé en 2010 par des anesthésistes anglais l’idéalisme ‘low tech’ dépasse le bon sens et la preuve de concept n’est pas évaluée selon l’état de l’art applicable aux respirateurs

  • Quand D. Trump suggère d’injecter de la javel dans le corps des malades.

trump covid désinfectant

  • Les condensés d’IA-Innovation à tout-va

  • Le masque fait par ma tata avec les rideaux de mon arrière-grand-mère. C’était vraiment cool de voir cette mobilisation générale des machines à coudre.

L’innovation ‘hors norme’ s’est transformée en initiative hors d’usage. Ouf ! la sécurité des patients était en jeu !

2. Les PME historiques

Commençons par le nordiste Décathlon, une grosse PME-ETI qui n’a pas manqué de masques (ni d’air).

On peut également souligner l’initiative open-source de Medtronic, ou plutôt l’initiative “à la recherche du BE (Bureau d’études) perdu“, puisque derrière le modèle Puritan Benett 560 se cache un réseau de sous-traitants et d’une ancienne PME française (AirOx Pau).

Je ne sais si Medtronic s’est souvenu de la solidité de ses partenaires et sous-traitants en électronique médicale. En les libérant de la contrainte de la propriété industrielle, Medtronic a ouvert la voie de la réindustrialisation de variantes du PB 560. Ce ventilateur support de vie est bien adapté à la Covid, et est plutôt intuitif dans l’utilisation (pannes et bugs sont logiques à comprendre). Ce n’est pas simple de remettre à flot des chaines industrielles, je suppose que Medtronic a fait confiance à des partenaires plus aptes et réactifs pour l’effort commun.

Il faut aussi souligner l’efficacité des prestataires de santé à domicile PSAD qui ont optimisé les parcours de soin afin de libérer les précieuses places dans les hôpitaux. Les PSAD sont des acteurs peu connus, derniers maillons (PME) fortement impliqués dans la mise à disposition des technologies médicales.

Et un grand acteur de la digitalisation des grands évènements sportifs qui explore et innove dans le logiciel de santé en attendant que son secteur reprenne des couleurs.

3. Les artisans de l’innovation

Innovation disruptive

  • Les thermomètres, oxymètres, caméras de diagnostic sans contact (brevet Philips du début des années 2010, sur l’oxymétrie caméra sans contact) pourraient se démocratiser
  • StopCovid est petit à côté du grand potentiel de technologies peu éthiques

Et innovation utile :

  • la télémédecine et les téléconsultations en kinésithérapie sont en enfin en place,
  • les objets connectés et algorithme pour le diagnostic avancé,
  • Biosency, Clew Medical et autre compagnons digitaux ont fait une percée modeste et régulée leur permettant d’accélérer leur courbe d’apprentissage,
  • Dagoma, société d’imprimante 3D grand public est passé de la quasi- faillite à une légitimité envers les hôpitaux (annonce de redressement judiciaire le 13 mars).

4. Les indécis

Une start up se convertit en fabricant de masques et vendeur de kit d’équipements personnels de sécurité EPI, alors que son ambition de base concerne “la révolution du télé-diagnostique poussé ECG, EEG, EMG en dehors de l’hôpital”. Drôle de vocation de choisir la facilité technique et opportuniste.

Une très belle levée de fonds pour revoir sa gamme d’objet connecté de santé afin de les rendre (enfin) fiables. C’est dommage que la robustesse des algorithmes lors de la mise sur le marché d’un objet connecté de santé ne soit pas une priorité absolue dès le démarrage.

La discrétion de l’Apple Watch qui n’a pas pensé différemment le soin digital en période Covid.

Bonus

En bonus, les bonne idées de la résilience, à poursuivre :

  • Un vrai plan de gestion de crise des approvisionnements des dispositifs critiques : masques mais aussi consommable de ventilateur (tube, filtre, lunette nasale, masque faciale) et les pièces détachées des dispositifs médicaux actifs.
  • Une filière de remise à neuf des dispositifs électromédicaux, car oui : du matériel médical bien entretenu et correctement stocké restera toujours la source d’approvisionnement la plus rapide en cas de crise sanitaire.
  • Les normes d’intérêt pour la santé publique sont proposées gratuitement.

Conclusion

“A fond la forme”

(merci au nordiste Décat’ pour tes masques !)

 

Je retiens de cette crise Covid une immense envie des industriels Medtech et autres d’apporter leur pierre à l’édifice. Un grand merci aux petites mains discrètes et expérimentées, qui ont apporté une contribution inestimable à cette crise, sans faire de bruit !